Le Cracheur de perles

Certains les collectionnent, d'autres les crachent... A l'instar de cette arme ayant appartenu à un célèbre pirate du ciel. Première arme automatique de l'histoire, le Cracheur de perles est une ingénieuse et meurtrière invention. 


Voici une nouvelle arme, un pistolet steampunk, on peut dire que le Cracheur de perles est le petit frère du Tromblon à lunettes steampunk.

Il ne s'agit pas d'un jouet repeint et customisé, comme le Nerf Maverick, mais un objet créé de toutes pièces, découpé dans du bois et dont les éléments sont faits de A à Z avec de la récup.
Ayant appartenu à un pirate du ciel, l'arme se devait d’être impressionnante, avec son coté lourd, sale et fatigué, le bois massif de la crosse ainsi que la lame à l'avant permettant de tailler dans le vif en cas de manque de munitions; de même les clous en fer forgé de la crosse sont capables d’assommer dès le premier coup. Mais il devait aussi avoir un coté svelte, délicat, précis et aérien presque féminin. Je trouvais assez poétique qu'un pirate puisse se servir de son précieux butin pour signer ses crimes, une telle façon de faire lui apporterait immédiatement une renommée dans l'histoire de la piraterie. Chacun de ses coup de feu aurait une valeur particulière.










Mais tout ceci n'est pas important car voici sa véritable histoire :


Chroniques du Chrononavigavit

Note du carnet de voyage d’Ethis Layton  numéro 89


Espace aérien des Bermudes – 1717




Le fait de pouvoir voyager dans le temps et l'espace grâce à une sorte de chronomètre qui tient dans la poche est un privilège dont peu de gens peuvent se vanter. Je ne sais pas ce qui est le plus intéressant, visiter les contrées ou les époques? Ce dont je suis certain c'est que l'on se retrouve souvent dans des situations imprévues. Le Chrononavigavit est relié à d'autres objets disséminés qu'il m'a, en quelque sorte, chargé de retrouver. Parfois il faut donner de sa personne et savoir faire les bons choix.




Sur le coup ca semblait être agréable : je me retrouvais à bord d'un zeppelin faisant le fret entre différentes îles des Caraïbes. Sur le pont, l'air frais contrebalançait la chaleur écrasante du soleil. Le grincement des cordes tenant le ballon accompagnait le léger balancement de l'appareil. J’étais au milieu de voyageurs et marchands d'épices et autres marchandises. Les choses me semblaient pour une fois simples.

Je me suis mis à discuter avec un homme qui me racontait qu'il partait retrouver sa famille après deux mois de travail en mer, un autre qu'il vendait des pièces d'artisanat, bref un maelstrom de tranches de vies issues d'un quotidien que je n'ai jamais connu. Cette apparente décontraction, je le savais, n'allait pas durer. Il est rare que les reliques me sautent dans les mains sans difficulté. Justement, des cris provenant de l’arrière du navire vinrent troubler la quiétude de cet instant. Des gens courraient et hurlaient, provocant un début de mouvement de foule. Sans savoir quelle en était la raison, je me mis à en faire autant, sans savoir où fuir sur un navire volant... Je compris vite de quoi il s'agissait en voyant le navire qui nous arrivait droit dessus, laissant flotter au vent un pavillon pirate.

Moi qui m'étais égaré à penser que le chrono m'offrait quelques vacances, je vis bien vite que je me trompais mais je me doutais également que la clé de ma venue ici devait être à bord de ce navire pirate.
Fuir en sautant par dessus bord à une centaine de mètres de hauteur, comme le fit un marchand rondouillard qui allât directement s'éclater à la surface de l'eau, et imaginer son corps dériver inerte pendant des jours avant de se faire grignoter par des poissons, ne semblait pas une très bonne idée. En tant que courageux gentleman, élevé dans l'idée de certaines valeurs, je me mis derrière un gars plus baraqué pour attendre la suite. Afin de couvrir ses arrières, bien entendu. 
J'attendais de voir ce qui allait se passer. Comme il était prévisible, le navire pirate accosta, des hommes à l’hygiène corporelle douteuse débarquèrent en criant et gesticulant de manière grotesque et faussement effrayante. Ils brandissaient des sabres, bâtons, harpons et autres armes dissuadant de jouer les héros ; j'en vis même un avec des tentacules de poulpe à la main... C'était ridicule mais pour autant je n'avais pas envie de lui chercher des noises. L'instant tant attendu arriva, l'arrivée du capitaine pirate qui semblait très à cheval sur la mise en scène car, après le cirque de ses sbires, il débarqua fièrement au milieu de la foule, nous toisant du regard.
"Mesdames et messieurs, je suis Elias Louis! Comme vous l'avez compris, nous allons nous emparer de toutes marchandises et richesses se trouvant à bord de votre vaisseau. Toute résistance serait fortuite car elle vous enverrait immédiatement par dessus bord, votre coopération sera votre billet de retour de ce voyage. Mes hommes vont dés à présent passer parmi vous vérifier vos billets".
Le fond est percutant mais la forme est élégante, cet Elias a le sens du verbe. Si ma vie ne risquait pas d’être en jeu, je serais bien allé partager quelques paroles avec cet individu charismatique. Je n'eus pas vraiment le temps d'aller au bout de mes pensées qu'un petit homme diffusant une odeur de poisson séché coupé à l'ammoniaque commençait à me faire les poches. Par réflexe, je le repoussais. A son regard, je compris que ça ne lui plaisait pas, il revint à la charge et aperçut le cordon du Chrononavigavit autour de mon cou. Me menaçant d'une lame rouillée et néanmoins tranchante, il sortit l'objet du col de ma chemise : "C'est un bien bel objet que voilà, et tu voulais nous le cacher?", Dit-il avec un grand sourire édenté sentant le vieux camembert échaudé. Je ne pouvais décemment pas le lui laisser sans quoi j'étais perdu ici n'ayant plus aucun espoir de revoir mon époque. D'un autre coté, ne pas le lui donner voulait dire ne pas vivre non plus très longtemps dans cette époque ci. 
Je priais pour que le chrono se mette en marche inopinément et m'emporte loin de tout ça. Mais sans la relique, pas de retour...
"Je ne peux pas vous le donner, c'est inutile d'insister, ma décision est prise, vous ne l'aurez pas!" Je n'y croyais pas mais le bluff avec assurance à tendance à marcher sur les esprits faibles. Celui-ci était peut être trop faible... 



Je n'eus pas le temps de continuer ma phrase que je pris un coup de pommeau de sabre dans la joue. Ça devenait sérieux, il me fallait m'approcher ou saisir tout objet pouvant se révéler être la relique afin de filer d'ici. Encore un peu sonné, je sautais sur le nabot, lui enfonçant le nez au fond du visage d'un grand coup de botte et saisit son sabre au passage. Rien ne se passait! Ce n'était pas ce sabre. Les mouvements avaient attiré l'attention d'autres voyous des airs. Me voilà, tel un héros de film de pirate, sur le pont d'un navire tentant de repousser les attaques de différents hommes. Je savais que je n'allais pas tenir longtemps, que ce soit par l’écart du nombre ou ma maîtrise plus que relative des armes. J'avais bien une fois atterri au japon médiéval où un apprenti samouraï tenta de m'enseigner quelques passes d'armes mais aussitôt m'avait-il mis son sabre entre les mains que le Chrono me remporta loin de lui.


Dans ma lutte pour la survie, j'arrivais à blesser deux autres gredins, l'un deux m'avait attaqué avec une tentacule de poulpe, ce qui facilita ma contre-attaque. Pour le second, j'ai juste eu du bol qu'il soit de dos et sur la trajectoire du premier... Je savais que ma chance n'allait pas durer et avant que je n'eus le temps de blesser maladroitement un autre homme, un "POP" retentit à quelques mètres, le bruit fut accompagné d'un picotement dans ma poitrine. Au tout début, je n'y prêtais pas trop attention. Que se passe t'il? M'aurait-on tiré dessus? Je voyais une blessure dont le sang commençait à couler, inondant ma chemise blanche. Je me mis à y prêter sérieusement attention! A quelques centimètres de la plaie, le Chrononavigavit commençait à s'agiter, émettant doucement les premières ondes du voyage. La douleur et la surprise me firent tomber mon sabre à terre. En relevant les yeux, face à moi, je vis que j'étais entouré d'hommes. Derrière eux, Elias Louis me fixait du regard, tenant une sorte d'arme à feu dont le canon était pointé sur moi. Aucun doute, si j'arrivais à survivre encore quelques secondes je devais mettre la main sur cette arme. Je levais les mains au ciel, retirant le Chrono de mon cou et le brandissant face à eux. Me voyant désarmé et blessé, les hommes relâchèrent un peu leur vigilance. Je n'ai pas réfléchi beaucoup plus  en cet instant et, tentant le tout pour le tout, je me mis à courir vers Elias. Un second "Pop" retentit, encore une fois accompagné d'une douleur dans l'épaule cette fois , je sentais comme des fragments de verre aux arêtes saillantes se dispersaient dans mon corps. En bout de course, je sautai sur Elias, profitant de l'effet de surprise. Je m’agrippai à son arme comme une carie sur les dents de ses hommes. Emporté par mon élan, je ne fis pas attention au reste et je basculai par dessus bord. 

D'abord, j'eus la satisfaction en voyant que l'arme était dans mes mains, puis la surprise de constater que le navire s’éloignait de moi à une vitesse folle emportant avec lui les visages stupéfaits d'Elias et ses hommes. Ceci fit place à la lucidité qui me fit comprendre ma situation puis la peur de finir comme le gros marchand, enfin le doute : et si cette arme n'était pas la relique en question? La réponse à tous ces questionnements fut donnée par le Chrononavigavit qui, à quelques mètres de la surface de l'eau, se mit à émettre son onde rassurante et qui m'emporta en un éclair dans mon lieu de départ.

J'ouvris les yeux chez moi sur le sol, reprenant doucement mon souffle et mes esprits, j'étais couvert de sang, le moindre mouvement de ma part équivalait à ce que des centaines d’aiguilles se répandent dans les blessures. Dans ma main droite se trouvait cette arme improbable dont le chargeur était rempli de perles. Je crois que c'est à ce moment que j'ai perdu connaissance.


Après m’être réveillé dans une chambre d’hôpital  le corps entouré de bandages on m'expliqua que j'eus besoin d'une longue opération afin de me faire retirer tous les fragments de perle qui s'éparpillaient dans mes chairs. Par chance, aucun organe sensible n'a été touché, une telle balle logée prés du cœur constituerait assurément une mort lente et douloureuse.
Je trouvais cette arme très ingénieuse pour l'époque : elle fonctionnait par compression grâce à de la vapeur d'eau emmagasinée et chauffée par une cage à charbon ardent. L'idée de tirer des perles est à la fois majestueuse, poétique et terrible, sans doute s'agit-il même de la première arme automatique de l'histoire ainsi que des premières balles à fragmentation. Lorsque je repense à Elias Louis, je regrette malgré tout de ne pas l'avoir croisé dans d'autres circonstances. Il devait avoir des multitudes de secrets en sa possession, comme l'origine exacte de cette arme, l'a-t'il construite lui même? Peut-être que nos routes se recroiseront, dans de meilleures circonstances espérons-le, j'aurai tant de questions à lui poser.

Le "cracheur de perles", comme je l'ai nommé, est venu rejoindre les autres reliques dans leur vitrine. Là il ne blessera plus personne, gardant pour l'instant tout le mystère de son origine. Je me remets peu à peu de mes blessures, attendant d’être à nouveau sur pied pour une nouvelle expédition.










1 commentaires:

  1. Salut ethis, encore un magnifique objet comme toujours. Si tu ne peu pas se n'est pas grave mais si tu le peu pourrais tu fair un cour métrage de la petite histoire de cette article. Je comprendrai que tu ne peu pas car pour les dirigeable... Mais se serai cool encore bravo et a+

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